Contribution des militants PSE de Charleroi
Je vous propose un texte rédigé par Antonio Carmelo Scifo et Renato Sallustio, militants PSE de Charleroi.
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La chute du mur de Berlin qui symbolisait la division de la planète en deux camps adverses a fait naitre un espoir de communication et de compréhension réciproque. Cet évènement pouvait même être perçu comme l'occasion de réaliser sur le plan économique et sociale ce que certains intellectuels nommaient une "troisième" voie qui serait en quelque sorte une synthèse, selon l'acception hégélienne du terme, dans laquelle se résoudrait la relation dialectique entretenue par les deux anciens systèmes. Cette synthèse aurait pu réunir les préoccupations relatives aux droits sociaux de l'un des systèmes et l'attention aux libertés individuelles propre à l'autre camp.
Cette troisième voie n'a cependant pas eu lieu car l'effondrement du système soviétique a donné naissance à une pensée unique qui a consenti l'exacerbation de certains aspects négatifs du modèle libéral occidental qui est devenu l'unique formule existante et qui a même été adopté par les ennemis d'hier. D'une certaine manière le modèle occidental s'est déshumanisé suite à l'effondrement du modèle antagoniste qui jouait le rôle d'épouvantails incitant les occidentaux à rester attentifs à la dimension sociale de l'économie.
Rentabilité, productivité et croissance économique sont devenu les uniques repères au niveau de l'organisation économique et politique. Cette absence d'alternative engendre un sentiment d'inéluctabilité qui érode l'autonomie politique et programmatique des états-nations. La voix et les raisons des gouvernements nationaux et des citoyens s'estompent alors que celles des lobbyistes et des entreprises multinationales gagnent en force. Ces dernières qui par définitions transcendent les frontières sont bien adaptées à un monde globalisé, alors que les institutions censées relayer les besoins et intérêts de la société civile peinent à s'organiser de façon efficace au niveau supranational.
Les multinationales sont devenues des entités oligarchiques qui détiennent le pouvoir économique mais qui pèsent également sur le processus décisionnel politique et qui détermine les conditions de vie de la population mondiale, ils sont devenus le nouveau maître d'un monde en voie de reféodalisation. Pire encore ces détenteurs des leviers économiques au niveau mondial orientent les valeurs auxquels doivent adhérer les citoyens modelant ainsi les consciences individuelles à leur convenance. La nouvelle religion inculque à l'homme qu'il doit vivre pour travailler et non le contraire, l'argent, dieux de cette nouvelle religion, incite à l'avidité élevant certains biens matériels accessoires au rang des biens indispensables. La logique consumériste régit de façon de plus en plus évidente nos vie elle se résume à travailler pour consommer, produire pour consommer reléguant au second plan tout autre objectif existentiel faisant de nous des humains et non des machines.
Nous vivons, à présent, dans le monde de l'urgence ou la seule perspective est celle du maintenant, dans lequel le long et même le moyen terme ne sont plus considéré : un monde de survie au jour le jour dans lequel il devient de plus en plus difficile de faire des projets à long terme ( acquérir une maison , se marier...).outre cet appauvrissement téléologique ce consumérisme effréné pousse à des activités peu respectueuses de l'environnement, des réserves naturelles et des droits de l'homme. Nous en sommes arrivé à un système absurde dans lequel les lois du marché encouragent à jeter le pain plutôt qu'à le vendre à des prix trop bas. Au nom de la liberté de marché et d'entreprise on décourage la consommation des biens et denrées locale, poussant les gens à consommer des produits provenant de contrées lointaines au détriment de la production locale. Sans parler de l’hypocrisie ambiante relative à la protection de l’environnement puisqu’ à une époque ou politiciens et industriels se prétendent comme les défenseurs de l’environnement on tente de développer l’activité nucléaire là où elle est présente voir de l’initialiser là où elle n’existait pas éludant les problèmes de la dangerosité des déchets.
L’Union Européenne pourrait, dans ce contexte, contribuer à diminuer les aspects négatifs de la mondialisation libérale. D’ailleurs l'Europe a déjà réussi par le passé certains paris difficiles. Souvenons-nous que l'Europe vue par Jean Monnet, celle qui visait à mettre un terme aux conflits intra-européens par la mise en commun des richesses des états européens, la libre circulation des marchandises l'ouverture des frontières, à porté ses fruits. Il faudrait à présent donner à l'Union Européenne les possibilités d'affronter les défis du monde en réformant le processus décisionnel, notamment la règle de l'unanimité qui permet aux égoïsmes nationaux de s'exprimer et de freiner la construction d'une Europe politique dont la nécessité se fait sentir de façon pressante. On pourrait, par exemple, pour y parvenir, envisager une Europe à plusieurs vitesses dans laquelle le groupe de pays disposés à aller au delà des égoïsmes nationaux pourrait constituer un pôle d'attraction pour les autres états.
Cela permettrait de doter les différents états européens de règles communes qui comme nous le savons ne sont pas forcément une prison mais qui au contraire ne peuvent, si elles sont partagées, qu'apporter stabilité, bien-être et protection de tous et en particulier des plus faibles.
La construction d'une Europe politique et sociale respectueuse des plus faibles devrait être la principale préoccupation de tout parti socialiste européen qui se respecte.
Le modèle que tout socialiste devrait soutenir est celui d’une répartition plus équitable des richesses, une compétition basée sur le rapport qualité/prix plutôt que celui préconisant les délocalisations, les contrats précaires, le faible coût de la main d'œuvre, l'exploitation, le non respect des droits de l'homme et de la nature.